« Combien de philosophes fabriquent des systèmes qui ne rendent compte que de leur propre vision du monde ! Et trop souvent, cette vision, nécessairement limitée, reflète leurs insuffisances spirituelles, psychiques, intellectuelles, ou même physiques. Sans parler de ceux qui, cherchant à cultiver l’originalité, s’efforcent de présenter des théories nouvelles. La vérité, c’est qu’il n’existe qu’un seul système d’explication de l’univers, un seul système qui rende compte de ce que sont le Créateur, la création et les créatures, et le philosophe, dans ses méditations, doit s’efforcer d’en retrouver les fondements. Qu’il exprime ensuite les résultats de ses recherches d’après son tempérament propre, sa sensibilité, on peut dire aussi avec « sa voix », c’est normal. Un chanteur qui doit exécuter une partition ne peut le faire qu’avec sa propre voix, et il exprime à travers elle tout ce qu’il est lui-même en profondeur. Mais il doit respecter la partition, il n’a pas le droit de chanter d’autres notes que celles qui sont écrites. De la même façon, un philosophe n’a pas le droit de chanter d’autres mots que ceux qui sont inscrits dans le grand livre de la vie, il a seulement le droit de les chanter avec son propre gosier. »
« Ne vous imaginez pas que le Ciel, émerveillé de vous voir devenu membre d’une Église ou de quelque mouvement spirituel, va venir vous faciliter l’existence et vous épargner les épreuves. Non, comme n’importe quel matérialiste, vous vous heurterez à toutes les difficultés de la vie. Mais continuez à avancer en sachant qu’au lieu de vous accabler, les épreuves que vous aurez à affronter vous purifieront et vous renforceront, parce que vous aurez appris une meilleure façon de les considérer.
En acceptant un enseignement spirituel, le pauvre ne devient pas riche, l’ignorant savant, le malade bien portant, le faible fort ; et le méprisé et méconnu ne reçoit pas honneur et gloire. Vous voilà prévenu. Et il se peut même que vous vous sentiez encore plus mal qu’avant. Pourquoi ? Parce que la vie nouvelle qui commence à circuler en vous s’occupe d’abord de faire du nettoyage, et alors, quels bouleversements ! Autant il est souhaitable que vous décidiez de donner une meilleure orientation à votre vie, autant vous devez savoir d’avance que cette décision produira en vous quelques remue-ménage. Sinon, ne comprenant pas ce qui vous arrive, vous retournerez à votre ancienne vie, et tout sera à recommencer. »
« Avant de méditer, de prier, de contempler le lever du soleil, dites-vous : « Je suis avec la pureté, je suis avec la lumière, je suis avec mon bien-aimé le Seigneur, je suis avec ma bien-aimée la Mère divine, rien d’autre ne doit compter que ce moment où je peux communier avec eux. » Et laissez vos sacs, vos fardeaux, présentez-vous léger, dégagé devant la Divinité et les splendeurs de la nature. C’est ainsi que vous trouverez la solution à beaucoup de vos problèmes intérieurs, à des situations que vous croyiez jusque-là inextricables. Pour voir, pour comprendre, pour recevoir les effluves du monde spirituel, il faut être là, présent. Prenez exemple sur les hommes et les femmes qui vivent un grand amour : quand ils sont ensemble, ils sont capables de tout oublier. Chacun plonge son regard dans celui de l’autre, et quand ils veulent décrire ce qu’ils ont vu, ils ne parlent que de lumière et d’immensité. »