
Trois jours après l’attentat qui a coûté la vie au prêtre Jacques Hamel, dans l’église de Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime), l’enquête continue de progresser. Pourtant, si les deux terroristes ont bien été identifiés, certaines questions demeurent sur leurs parcours et les complicités éventuelles dont ils ont bénéficié.
Où se sont-ils rencontrés ?
A commencer par une question de taille : comment ces deux jeunes de 19 ans se sont-ils rencontrés ? Adel Kermiche était originaire de Saint-Etienne du Rouvay, où il demeurait au domicile familial. Abdel Malik Petitjean était né dans les Vosges et vivait en Savoie, où il partageait son temps entre le domicile de ses parents à Aix-les-Bains et celui d’une de ses sœurs, à Montluçon, selon le parquet de Paris. Plus de 600km les séparaient.
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Kermiche et Petitjean se sont-ils contactés via les réseaux sociaux ou l’application demessagerie Telegram ? L’Express révélait jeudi des messages audio qu’Adel Kermiche avait diffusés sur sa « chaîne » Telegram avant de passer à l’acte. Il était suivi par environ 200 personnes, selon l’hebdomadaire. Cette application, sur laquelle l’outil de propagande Amaq de l’organisation de l’Etat islamique (EI) possède son propre groupe, est particulièrement employée par les djihadistes pour communiquer, notamment grâce à ses chats secrets, et à ses messages chiffrés, et qui peuvent s’autodétruire après lecture. Plus simplement, les deux hommes ont-ils été mis en contact par Daesh, qui aurait commandité leur geste ?
Une filière d’acheminement djihadiste ?
La carte d’identité d’Abdel Malik Petitjean a été retrouvée par les enquêteurs dès mardi, lors d’une perquisition au domicile d’Adel Kermiche. Le Savoyard aurait donc séjourné chez celui-ci avant de commettre l’attentat. Si tel est le cas, depuis combien de temps ? D’après la mère de Petitjean, interrogée par plusieurs médias, son fils aurait prétexté une visite chez des cousins à Nancy, pour quitter le domicile lundi, soit la veille du drame. Pourtant, selon L’Express, son téléphone portable aurait borné à Saint-Etienne du Rouvray, au même endroit que celui de Kermiche, dès samedi.
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Les deux terroristes avaient tous les deux tenté de se rendre en Syrie. Adel Kermiche par deux fois en 2015, a été arrêté d’abord en Allemagne et une seconde fois en Suisse avant d’être renvoyé vers la France, alors qu’il tentait de passer en Turquie. L’un de ses amis,Adel Bouaoun, également originaire de Saint-Etienne du Rouvray, est parvenu à rallier les rangs de Daesh en Syrie avec la carte d’identité de Kermiche. Son jeune frère a d’ailleurs été placé en garde à vue depuis mardi.
Un mystérieux voyage éclair en Turquie
Abdel Malik Petitjean, lui, s’est rendu en Turquie le 10 juin dernier. Alors inconnu des services de police et de la justice, il rentre chez lui en France dès le lendemain, le 11 juin, sans être inquiété par les autorités. Les deux jeunes appartenaient-ils à une même filière d’acheminement de djihadistes, qui les aurait mis en contact ? Un demandeur d’asile syrien a été placé en garde à vue jeudi. Selon le parquet de Paris, une photocopie de son passeport a été retrouvée au domicile d’Adel Kermiche. S’agissait-il d’un complice envoyé de Syrie par Daesh ?
Le retour en France de Petitjean dès le lendemain de son arrivée en Turquie est une des autres zones d’ombre de l’enquête. Pourquoi un tel revirement ? Y allait-il pour rencontrer quelqu’un sur place ? A-t-il tout simplement changé d’avis ?L’individu qui a fait le voyage avec lui le 10 juin, fiché S et en garde à vue dans un dossier de filière djihadiste, pourra sûrement apporter de plus amples informations sur ce retour précipité vers l’Hexagone.
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