AGRICULTURE : SE PASSER DES PESTICIDES, C’EST POSSIBLE !
L’alternative c’est l’agroécologie
Depuis 60 ans, l’agriculture s’est largement appuyée
sur les intrants de synthèse (engrais et pesticides)
afin d’augmenter les rendements.
Le succès a été au rendez-vous mais les impacts écologiques
de ces nouvelles pratiques n’ont été mis en évidence
que bien plus tard. Depuis les premiers soupçons
sur les impacts sanitaires et environnementaux des pesticides,
les études se multiplient pour pointer leur dangerosité…
jusqu’aux prises de positions de l’OMS ou encore de l’EFSA
sur certains produits ou encore les interdictions de certains pays
voire de l’Union Européenne de certains produits et usages.
Les pouvoirs publics commencent donc à prendre conscience
de l’ampleur des dégâts mais beaucoup reste à faire
tant au niveau national qu’européen.
Mais comment faire avec moins de chimie voire sans chimie ?
Le meilleur exemple reste l’agriculture biologique qui n’utilise pas
d’engrais ni de pesticides de synthèse.
En France, son développement actuel
(près de 5% de la surface agricole française est en bio,
chaque jour en 2017 on compte 21 fermes bio supplémentaires)
montre que non seulement cette agriculture est écologiquement
intéressante mais en plus économiquement et socialement enviable.
Au-delà de l’agriculture biologique, il est possible
pour les agriculteurs de réduire fortement l’usage
des pesticides.
Les fermes du réseau DEPHY
(réseau de Démonstration, d’Expérimentation et de Production
de références du plan Ecophyto) le prouvent.
Comme pour l’agriculture biologique,
le secret – qui n’en est plus un – est le retour à l’agronomie :
rotation des cultures, variétés adaptées, décaler les semis,
bio-contrôle, rétablissement des haies
et autres infrastructures agro-écologiques…
C’est une modification des pratiques et de l’organisation
même du système agricole qui est en jeu.
Pas simple mais tout à fait réalisable à moyen terme
si les pouvoirs publics le soutiennent et l’encouragent.
Des exemples d’alternatives
Mi-mars, le débat et le vote par les députés de
l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes en 2018
avec dérogation puis en 20120 pour tous sans exceptions.
Ce débat a relancé cette question des alternatives.
Certains avaient mis en avant le fait qu'une telle interdiction
serait compensée par l’utilisation d’alternatives chimiques
plus nocives encore (d’autres pesticides).
Si cette option est possible, elle n’est bien entendu pas
souhaitable et encore moins à favoriser…
Les alternatives dont parlent les associations, l
es apiculteurs et les agriculteurs déjà engagés
dans ces démarches sont bien des pratiques
n’ayant pas recours à la chimie de synthèse !
Par exemple, le maïs est une culture pour laquelle
sont utilisées les semences enrobées
de substances néonicotinoïdes afin de lutter
contre un insecte : le taupin.
Celui-ci mange les graines semées
et qui n’ont pas encore levé, causant donc des pertes.
Afin de lutter contre le taupin, non pas a priori
(c’est à dire sans savoir s’il est bien présent ou non
dans la parcelle) mais sur la base d’observations
de sa présence, plusieurs pratiques sont aujourd’hui
mises en évidence : l’allongement de la rotation
et la place du maïs dans la rotation,
décaler la date du semis, utiliser le bio-contrôle
(champignons ou nématodes),
substances répulsives ou attractives (appâts)…
Face à un problème, l’agroécologie ne propose pas
une solution unique mais une convergence
de pratiques afin de réduire la pression des ravageurs…
sans mettre à mal l’environnement.
La France peut continuer à être en pointe
La France va interdire les pesticides néonicotinoïdes. C’est une victoire pour les abeilles, l’environnement en général… et pour notre santé !
L’usage d’autres produits est également discuté actuellement,
notamment le glyphosate (le fameux Round Up).
La loi pour la transition énergétique a adopté l’interdiction
de la vente en libre service pour les particuliers à partir
du 1er janvier 2017 et l’interdiction de l’ensemble
de l’usage des pesticides aux particuliers en 2019.
Malgré ces prises de conscience, de nombreux blocages restent
encore à lever pour amocrer une réduction significative
de ces substances. Rappelons que le plan Ecophyto en vigueur
depuis 2008 n’a pas permis de réduire leur usage…
il a même augmenté de près de 10% ces dernières années…
La France peut poursuivre son engagement en faveur
d’une agriculture moins dépendante des pesticides
et meilleure pour la santé et l’environnement en :