AGRICULTURE : SE PASSER DES PESTICIDES, C’EST POSSIBLE !

Publié le 23 avril 2017
Le sujet des pesticides est au cœur de l’actualité : vote de l’interdiction de tous les pesticides néonicotinoïdes en 2020, autorisation européenne du glyphosate, protection des riverains...
Pas une semaine sans que ce sujet fasse l’objet de débat.
Enjeu environnemental, sanitaire et économique … peut-on vraiment faire
avec moins de / sans pesticides ?
Comment faire pour réduire leur utilisation ?
La Fondation Nicolas Hulot met tout en œuvre
pour à la fois proposer une réduction de ces substances
et montrer que se passer de leur usage est possible !

Alternatives aux pesticides

L’alternative c’est l’agroécologie

Depuis 60 ans, l’agriculture s’est largement appuyée

sur les intrants de synthèse (engrais et pesticides)

afin d’augmenter les rendements.

Le succès a été au rendez-vous mais les impacts écologiques

de ces nouvelles pratiques n’ont été mis en évidence

que bien plus tard. Depuis les premiers soupçons

sur les impacts sanitaires et environnementaux des pesticides,

les études se multiplient pour pointer leur dangerosité…

jusqu’aux prises de positions de l’OMS ou encore de l’EFSA

sur certains produits ou encore les interdictions de certains pays

voire de l’Union Européenne de certains produits et usages.

Les pouvoirs publics commencent donc à prendre conscience

de l’ampleur des dégâts mais beaucoup reste à faire

tant au niveau national qu’européen.

Mais comment faire avec moins de chimie voire sans chimie ?

Le meilleur exemple reste l’agriculture biologique qui n’utilise pas

d’engrais ni de pesticides de synthèse.

En France, son développement actuel

(près de 5% de la surface agricole française est en bio,

chaque jour en 2017 on compte 21 fermes bio supplémentaires)

montre que non seulement cette agriculture est écologiquement

intéressante mais en plus économiquement et socialement enviable.

Ferme bio en france

Au-delà de l’agriculture biologique, il est possible

pour les agriculteurs de réduire fortement l’usage

des pesticides.

Les fermes du réseau DEPHY 

(réseau de Démonstration, d’Expérimentation et de Production

de références du plan Ecophyto) le prouvent.

Comme pour l’agriculture biologique, 

le secret – qui n’en est plus un – est le retour à l’agronomie :

rotation des cultures, variétés adaptées, décaler les semis,

bio-contrôle, rétablissement des haies

et autres infrastructures agro-écologiques…

C’est une modification des pratiques et de l’organisation

même du système agricole qui est en jeu.

Pas simple mais tout à fait réalisable à moyen terme

si les pouvoirs publics le soutiennent et l’encouragent.

agriculture bio en france

Des exemples d’alternatives

Mi-mars, le débat et le vote par les députés de

l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes en 2018 

avec dérogation puis en 20120 pour tous sans exceptions.

Ce débat a relancé cette question des alternatives.

Certains avaient mis en avant le fait qu'une telle interdiction

serait compensée par l’utilisation d’alternatives chimiques

plus nocives encore (d’autres pesticides).

Si cette option est possible, elle n’est bien entendu pas

souhaitable et encore moins à favoriser…

Les alternatives dont parlent les associations, l

es apiculteurs et les agriculteurs déjà engagés

dans ces démarches sont bien des pratiques

n’ayant pas recours à la chimie de synthèse !

Par exemple, le maïs est une culture pour laquelle

sont utilisées les semences enrobées

de substances néonicotinoïdes afin de lutter

contre un insecte : le taupin.

Celui-ci mange les graines semées

et qui n’ont pas encore levé, causant donc des pertes.

Afin de lutter contre le taupin, non pas a priori

(c’est à dire sans savoir s’il est bien présent ou non

dans la parcelle) mais sur la base d’observations

de sa présence, plusieurs pratiques sont  aujourd’hui

mises en évidence : l’allongement de la rotation

et la place du maïs dans la rotation,

décaler la date du semis, utiliser le bio-contrôle

(champignons ou nématodes),

substances répulsives ou attractives (appâts)…

Face à un problème, l’agroécologie ne propose pas

une solution unique mais une convergence

de pratiques afin de réduire la pression des ravageurs…

sans mettre à mal l’environnement.

 

La France peut continuer à être en pointe

La France va interdire les pesticides néonicotinoïdes. C’est une victoire pour les abeilles, l’environnement en général… et pour notre santé !

L’usage d’autres produits est également discuté actuellement,

notamment le glyphosate (le fameux Round Up).

 La loi pour la transition énergétique a adopté l’interdiction

de la vente en libre service pour les particuliers à partir

du 1er janvier 2017 et l’interdiction de l’ensemble

de l’usage des pesticides aux particuliers en 2019.

Malgré ces prises de conscience, de nombreux blocages restent

encore à lever pour amocrer une réduction significative

de ces substances. Rappelons que le plan Ecophyto en vigueur

depuis 2008 n’a pas permis de réduire leur usage…

il a même augmenté de près de 10% ces dernières années…

 

La France peut poursuivre son engagement en faveur

d’une agriculture moins dépendante des pesticides

et meilleure pour la santé et l’environnement en :

  •  
  • Promouvant et soutenant les solutions alternatives
  • issues de l’agroécologie et l’agriculture biologique
  • par des financements fléchés (PAC, plan Bio, Ecophyto)
  • Maintenant sa position concernant l’interdiction
  • du glyphosate au niveau européen
  • Séparant le conseil et la vente des pesticides,
  • activités encore liées au sein des entreprises
  • et coopératives, incitant de fait à la consommation
  • Interdisant des pesticides les plus dangereux
  • pour l’environnement et la santé
  • Protégeant les riverains qui subissent l’épandage
  • de ces produits en instaurant des zones de protection